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venait de prendre, résolut de fuir le joug intolérable des barbares, et cingla vers la Corse.

On y arriva bientôt, et l’on s’y établit comme on le désirait. Pendant cinq ans, on y fut assez tranquille, avec les compatriotes qu’on y retrouvait et qui y étaient arrivés depuis longues années. Mais soit esprit de rapine, soit besoin, soit jalousie, les Phocéens furent bientôt attaqués par leurs voisins, les Tyrrhéniens et les Carthaginois. Les Phocéens, qui n’avaient que soixante vaisseaux contre cent vingt, n’hésitèrent pas à engager la bataille ; ils allèrent chercher l’ennemi dans la mer de Sardaigne, et le défirent. Mais ils avaient perdu dans ce triomphe les deux tiers de leurs navires. Revenus en toute hâte à Alalie, ils y avaient repris leurs familles et leurs richesses, pour aller chercher un autre asile plus sûr que celui-là. Il paraît qu’une partie des exilés fut assaillie et massacrée par les Tyrrhéniens et les Carthaginois ; l’autre partie alla d’abord toucher à Rhégium en Sicile ; et delà se dirigeant au nord, ils allèrent fonder sur la terre d’Oenotrie la ville qui, du temps d’Hérodote, se nommait Hyélé. C’est celle qui est connue sous le nom d’Élée, illustrée par l’école philosophique qui s’y forma bientôt après.

C’est à Élée que Xénophane se réfugia, vers la même époque, fuyant Colophon, opprimée par les