se limitent mutuellement, il faille pour cela que l’Un soit sans limite. La pluralité et l’unité ont plusieurs attributions toutes pareilles, et l’être est commun à l’une comme à l’autre. Il serait bien étrange d’aller nier l’existence de Dieu, l’existence de la pluralité des choses étant admise, afin que Dieu ne ressemble pas aux choses sous ce rapport.
§ 11.[1] Pourquoi Dieu, tout en étant un, ne serait-il pas fini, et n’aurait- il pas de bornes ? Comme le dit Parménide, tout en reconnaissant que Dieu est un, et en le comparant
« A la sphère bien ronde, égale de tous points, A partir du milieu…. »
Une chose, en effet, peut avoir nécessairement une limite, sans que ce soit par rapport à quelque chose, pas plus qu’il n’est nécessaire que ce qui a une limite ait une
- ↑ § 11. Comme le dit Parménide, ce vers est cité en partie par Aristote, Physique, Livre III, ch. 9, § 4, page 126 de ma traduction ; voir aussi les fragments de Parménide, vers 103 et 104, édit. de Firmin Didot. — A partir du milieu, ou « de son centre. » C’est la définition de la sphère, telle que la géométrie la donne. — Sans que ce soit par rapport à quelque chose, il semble, au contraire, que l’idée de limite implique nécessairement celle de rapport. — Une limite
faille pour cela que l’Un soit sans limite, il n’y a pas ici de variante ; mais la pensée n’est pas assez claire, quoique l’expression elle-même le soit. L’être, compris au sens d’unité qui embrasse tout, est nécessairement infini. — La pluralité et l’unité, voir plus haut, § 8, où l’être et le non-être sont comparés aussi sous ce rapport. — L’existence de Dieu, l’existence de la pluralité, cette répétition est dans le texte. — Sous ce rapport, l’expression de l’original est tout aussi vague. La contradiction qu’on signale ici s’est reproduite dans les théories des Alexandrins ; et ils en sont arrivés à nier l’être à l’Un, tel qu’ils le concevaient, tout en accordant l’existence aux choses particulières.