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§ 28.[1] Ceci admis, on ne voit rien dans les théories de Mélissus qui s’oppose à ce que les êtres changent d’ordre et de qualité, le mouvement étant ainsi dans l’unité, qui diffère alors par le plus et par le moins, et qui s’altère de diverses façons, sans que rien vienne s’adjoindre à elle, ou si une chose s’y adjoint, sans que ce soit du moins un corps, et si c’est plusieurs choses qui s’adjoignent, sans qu’elles fassent autre chose que se mêler les unes aux autres et se séparer réciproquement.

§ 29.[2] Mais le mélange ne parait être ni la juxtaposition, ni la combinaison dont parle Mélissus, sans lesquelles les choses pourraient être immédiatement isolées, ou bien même sans lesquelles les choses ne se montreraient dans leur indépendance complète

  1. § 28. Dans les théories de Mélissus, au lieu du nom exprès, il n’y toujours dans le texte qu’un pronom indéterminé. Il semble qu’il suffise d’admettre le mouvement d’altération pour que tout le système de Mélissus : sur l’unité et l’immobilité de l’être soit renversé du même coup. — D’ordre et de qualité, le texte dit en propre : termes : « à ce que les êtres soient ordonnés différemment et ne soient altérés. » - Par le plus et par le moins, et par exemple, ils sont plus ou moins blancs, plus ou moins noirs ; car il s’agit ici d’une simple altération, et non pas même de l’accroissement. — Sans que ce fût du moins un corps, en effet dans l’altération, il n’y a pas adjonction de quoi que ce soit ; l’altération a lieu par un mouvement tout intérieur de l’être. — Se mêler les unes aux autres, comme des qualités peuvent se mêler et se séparer réciproquement dans un seul et même être.
  2. § 29. Dont parle Mélissus, même remarque que plus haut sur le nom de Mélissus, qui n’est pas non pins exprimé ici. Il semble que les deux expressions rappelées dans ce passage appartiennent exclusivement à la langue philosophique de Mélissus. — Dans lesquelles, la phrase est embarrassée dans l’original comme elle l’est dans ma traduction. Voici une paraphrase qui pourra servir à éclaircir la pensée : « Mélissus ne comprend pas bien ce que c’est que le mélange, quand il l’appelle une juxtaposition et une combinaison. Il croit que dans un mélange on peut, si on le veut, isoler de nouveau les choses immédiatement, ou du moins les isoler complètement, après un triage où chacune d’elles reparaît à l’état qui lui est propre. Le mélange n’est pas du tout cela ; et pour qu’il soit véritable, il