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d’ailleurs ce qu’il est. Mais le Tout étant plein, le rare alors n’est pas moins plein que le dense.

§ 22.[1] Si le Tout est incréé, comment de cela seul peut-on conclure qu’il est infini, et qu’il ne puisse pas y en avoir encore tel ou tel autre qui serait infini comme lui ? Pourquoi faudrait-il, parce qu’il est incréé, admettre en outre qu’il est un, et qu’il est infini par cela seul ? Comment alors l’infini serait-il ce Tout que l’on s’imagine ?

§ 23.[2] L’être est immobile, dit Mélissus, s’il n’y a pas de vide ; car les choses ne se meuvent jamais qu’en changeant de lieu. Mais d’abord il y a bien des gens qui ne tomberaient pas d’accord sur ce point ; et tout en concédant que le vide existe, ils n’admettraient pas qu’il soit un corps. On peut entendre ici les choses comme les entend Hésiode, quand il dit que dans la création, « c’est le chaos qui a d’abord paru, » supposant par là qu’il fallait avant tout qu’il y eût de la place pour les êtres. Et c’est bien là ce qu’on veut

    ce qu’il est, le texte n’est pas tout à fait aussi précis. — Le tout étant plein, on peut sous-entendre : « comme le veut Mélissus, » ainsi que le conjecture M. Müllach ; voir les Fragments de Mélissus, frag. V.

  1. § 22. Comment de cela seul… l’objection me parait très nettement présentée, et du moment que l’univers est un, il semble que nécessairement il doit être infini ; car il est impossible à notre raison de lui supposer des bornes. — Pourquoi faudrait-il, ceci n’est en grande partie que la répétition de ce qui précède. — Que l’on s’imagine, le texte a ici un pluriel, qui peut se rapporter à Mélissus, à Xénophane, à Parménide et à Zénon.
  2. § 23. Dit Mélissus, ici non plus Mélissus n’est pas expressément nommé. — Qu’en changeant de lieu, c’est le mouvement de translation ; mais le mouvement d’altération peut se faire sans changer de place. — Hésiode, voir plus haut ch.1, § 13, page 224. — Dans la création, ou mieux : « dans la production des choses. » - Le chaos qui a d’abord paru, le chaos ne se confond pas avec le vide ; c’est le désordre, si l’on veut ; mais les choses existent, puisque l’intervention de l’intelligence est nécessaire pour les ordonner. — C’est bien là ce qu’on veut