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ni plus petit ni plus grand ?

§ 10.[1] Bien plus, qui empêche que des corps, aussi nombreux qu’on voudra, ne naissent d’autres corps, et ne se dissolvent dans d’autres corps aussi, de façon à être toujours en égale quantité dans leur dissolution et à se perdre de nouveau ?

§ 11.[2] Mais en accordant même ceci, et en admettant qu’il y a quelque chose d’incréé, en quoi cela démontre-t-il davantage que l’être est infini ? A entendre Mélissus, l’être est infini, s’il existe et qu’il ne soit jamais né ; car les limites, selon lui, sont ici le commencement de la production, et sa fin. Mais l’être, tout en étant incréé, ne peut-il pas avoir d’autres limites que celles qu’on vient de dire ? Si l’infini avait été créé, il aurait précisément, selon Mélissus, ce commencement, d’où il serait sorti pour être.

§ 12.[3] Qui empêche alors, sans même qu’il ait été produit,

    voir le Traité du ciel, livre III, ch. 4, § 5, page 250 de ma traduction.

  1. § 10. Bien plus, ceci semble être une suite des idées que l’on prête ici à Démocrite ; et ce § n’est guère qu’une répétition de ce qui précède. — En égale quantité, la quantité et le nombre total des atomes ne diminuent pas ; seulement, les composés que forment les atomes en contiennent un nombre plus ou moins grand.
  2. § 11. Que l’être est infini, le texte n’est pas tout à fait aussi précis ; et le mot dont il se sert est indéterminé. — A entendre Mélissus, ceci se rapporte à Mélissus et non plus à Démocrite ; mais le texte a mis le verbe à la troisième personne, sans indiquer nommément le philosophe qu’il prétend désigner. — S’il existe, voir plus haut, § 1. — Et qu’il ne soit jamais né, l’infinitude de l’être résulte, selon Mélissus, de son éternité. — Le commencement de la production, en d’autres termes, du changement de l’être ; car l’être étant éternel, il peut devenir autre qu’il n’est et se transformer ; mais il ne naît pas réellement. — D’autres limites que celles qu’on vient de dire, c’est-à-dire, le commencement et la fin des modifications qu’il peut subir. — Selon Mélissus, j’ai ajouté ces mots, qui ressortent du contexte et de l’expression dont l’auteur se sert. Voir plus loin les Fragments de Mélissus, frag. Il.
  3. § 12. Sans même qu’il ait été