peut jamais venir de rien. Les êtres étant ainsi infinis, on peut alors, comme il le veut, leur attribuer tous les noms qui ne conviennent régulièrement qu’à l’unité ; car il applique, lui aussi, à l’infini, la qualité d’être Tout, et d’être appelé Tout.
§ 3.[1] Sans supposer même que les êtres soient en nombre infini, on peut comprendre que leur production soit circulaire. Or si tout devient et que rien ne soit, comme quelques-uns le prétendent, comment y a-t-il alors des choses éternelles ? Mais Mélissus parle de l’être comme étant, et comme absolument admis. « Si l’être n’est pas devenu, dit-il, et s’il est, il faut qu’il soit éternel. » C’est admettre que l’être appartient nécessairement aux choses.
§ 4.[2] Bien plus, en supposant aussi complètement qu’on voudra que le non-être ne peut devenir, et que l’être ne peut périr jamais, qui empêche encore que, parmi les choses, les unes naissent et que les autres soient éternelles ? C’est-là la théorie d’Empédocle lui-même. Ainsi tout en convenant, d’accord avec
- ↑ § 3. Leur production, les uns par les autres. — Soit circulaire, et par conséquent réciproque, le second produisant le premier, comme le premier a produit le second. — Comme quelques-uns le prétendent, Héraclite, par exemple, et Protagoras. — Mais Mélissus, le texte dit simplement : « Il. » Voir plus loin les Fragments de Mélissus, frag. I et suiv. — Dit-il, cette forme annonce que les paroles citées sont de Mélissus.
- ↑ § 4. Que le non-être ne peut devenir, c’est-à-dire que ce qui n’est pas puisse jamais être. — Et que l’être ne peut périr jamais, et est éternel. — Parmi les choses, qui sont déjà ou qui ont été antérieurement. — La théorie d’Empédocle, les vers d’Empédocle ne sont pas textuellement cités ; mais le sens en est exactement reproduit ; voir les Fragments d’Empédocle vers 102 et 103, édition de Firmin Didot, page
— D’être Tout et d’être appelé Tout, en d’autres termes « l’infini est tout, et c’est ce qu’on appelle le tout. »