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à coup presqu’à angle droit, il se dirige du sud au nord, pour se jeter dans la mer noire un peu à l’est de Sinope, la patrie de Diogène. Après l’Halys, trois autres fleuves, assez considérables pour ces contrées, se partagent la péninsule, coulant tous à l’ouest et descendant à la Méditerranée presque parallèlement : le Méandre, qui se jette dans le golfe de Milet : le Caystre, dans celui d’Éphèse ; enfin, l’Hermus, dans celui de Smyrne, un peu au nord-ouest. Crésus pouvait donc se flatter d’avoir à lui toute l’Asie-Mineure, et d’avoir amené la monarchie lydienne à un degré de prospérité et de force qu’elle n’avait jamais connu ; mais c’était là justement ce qui devait la perdre.

De très grands changements venaient de s’opérer dans l’Orient et dans les contrées limitrophes du royaume de Lydie, si démesurément étendu. Cyrus avait renversé l’empire d’Astyage, beau–frère de Crésus, avait vaincu les rois d’Assyrie, s’était fait un allié de celui d’Hyrcanie, et il pensait à attaquer la Lydie, qui avait semblé faire cause commune avec ses ennemis. Maître de tous les pays à l’est de l’Halys, il ne pouvait pas tarder à franchir ce fleuve. Par une pente à peu près irrésistible, la puissance des Perses déjà considérable devait chercher à s’étendre jusqu’à la mer, et à conquérir la presqu’île, avec tous les peuples qu’elle renfermait, les barbares et les