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accepter toute apparence et de ne s’en fier qu’aux plus certaines ? Mais si tout ce qui nous parait vrai n’est pas exact, et ne mérite pas cependant notre adhésion, peut-être aussi ferions-nous bien de ne pas accepter non plus cette maxime, que rien jamais ne peut venir de rien ; car c’est là peut-être aussi une de ces opinions peu justes et si nombreuses, que nous avons tous conçues à la suite de perceptions plus ou moins exactes.

§ 9.[1] Mais si toutes nos perceptions ne sont pas fausses, et s’il en est parmi elles quelques-unes qui soient justes, il faut choisir, ou l’opinion dont on a démontré la vérité, ou celles qui paraissent les plus vraies ; car celles-là seront toujours plus solides que les opinions qui doivent être démontrées ensuite, à l’aide de ces premiers principes.

    que nous ait laissé l’antiquité sur la méthode et la logique de l’école d’Élée. — Toute apparence, ou « tout ce qui apparaît à notre raison ; » car il ne s’agit pas ici d’apparences sensibles. — N’est pas exact, et ne mérite pas notre adhésion, le texte n’est pas aussi développé. — De ne pas a accepter non plus cette maxime, au contraire, l’école d’Élée a pleinement accepté cet axiome, et elle l’a pris pour fondement de ses théories sur l’éternité et l’unité de l’être. — Peu justes, le texte n’est pas tout à fait aussi explicite ; mais cette nuance y est certainement comprise.

  1. § 9. Toutes nos perceptions ne sont pas fausses, cette réserve fait grand honneur à l’école d’Élée ; et il faut en tenir compte. Les Sophistes, et Protagoras entr’autres, sont allé beaucoup trop loin dans le sens contraire, en soutenant que l’homme est la mesure de tout. Ils ont été conduits, par cet excès, au scepticisme absolu, de Gorgias ; voir plus loin, chapitres 5 et 6 de ce traité, et l’analyse du système de Gorgias par Sextus Empiricus. — Ou l’opinion dont on a démontré la vérité, excellent principe qu’ont, plus tard, reproduit sous d’autres formes, mais non plus fermement, Platon et Descartes. — Qui paraissent les plus vraies, et qui sont indémontrables, pouvant, dès lors, servir à démontrer tout le reste. C’est la grande doctrine d’Aristote dans les Derniers Analytiques ; et c’est le fondement sur lequel repose toute démonstration, que ce fondement soit découvert ou caché ; voir ma traduction des Derniers Analytiques, Logique d’Aristote, tome III, page 9, Livre 1, ch. 2. — A l’aide de