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juxtaposition des choses qui se mêlent. De cette façon, les choses se mélangeraient, parce qu’elles se sépareraient les unes des autres ; et la juxtaposition se faisant dans le broiement des choses, on devrait retrouver clairement chacune d’elles, en enlevant les premières choses qui se sont mélangées en se mettant les unes sur les autres. Or, aucun de ces deux cas ne se présente.

§ 7.[1] Ainsi de cette manière, les choses, selon Mélissus, seraient multiples ; et elles ne se montreraient pas du tout à nous avec unité. Par conséquent, comme il n’est pas possible qu’il en soit de cette façon, et qu’il ne se peut pas que les choses soient plusieurs, il faut dire que ce n’est là qu’une fausse apparence, comme d’ailleurs il y en a tant d’autres qui trompent et abusent nos sens. Mais la raison nous affirme que ces choses ne sont pas ; elle nous affirme que l’être ne peut pas être multiple, qu’il est un, éternel, infini, et semblable dans toutes ses parties.

§ 8.[2] Notre premier soin doit-il donc être de ne pas

    Par la répartition, il paraît que le mot dont se sert ici le texte était spécial au dialecte des Abdéritains ; voir le Commentaire de Simplicius sur le Traité du Ciel, f° 150, a. — Parce qu’elles se sépareraient, ou pourraient se séparer. Il est probable que Se séparer est pris ici dans le sens de Se distinguer. — Dans le broiement des choses, c’est l’expression même du texte ; mais elle n’est pas très exacte.

  1. § 7. Selon Mélissus, j’ai ajouté ces mots pour rendre toute la force de l’expression du texte. — Ce n’est là qu’une fausse apparence, c’est là le scepticisme de l’école d’Élée, qui, accordant trop à la raison, n’a pas assez donné aux sens. Voir plus loin quelque chose de ces idées, Fragments de Mélissus, fragm. 17. — La raison nous affirme, si l’on applique ceci à Dieu, la théorie est incontestable, et son unité est aussi évidente rationnellement que son infinité et sa toute puissance. Mais la multiplicité des êtres individuels ne l’est pas moins ; et il faut bien que la raison l’admette, sans pouvoir, d’ailleurs, se l’expliquer.
  2. § 8. Doit-il donc être, il semble que l’affirmation aurait été préférable ; mais j’ai dû suivre le texte. Tout ce passage est le plus complet