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des choses, quand la Grèce entière souffrait de tant de maux incontestables. Mais à quel moment le scepticisme peut-il être opportun ? C’était quatre ans avant la condamnation de Socrate, autre illusion sans doute, dont le sceptique pouvait aussi se railler, comme de la défaite d’Athènes, en représailles des sarcasmes dont le sage l’avait accablé. D’ailleurs, Gorgias devait, dans sa longue vieillesse, survivre à Socrate, fuyant lui-même Athènes pour des contrées moins hospitalières, où le scepticisme devait le consoler assez peu de l’exil.

Afin qu’on apprécie plus complètement la pensée de Gorgias, j’ai donné le morceau de Sextus Empiricus. Il sera facile de le comparer à notre opuscule, avec lequel il a les rapports les plus évidents.

On doit voir, d’après tout ce qui précède, que notre petit traité, quelles qu’en soient les lacunes, les défauts et les obscurités, même après les travaux dont il a été l’objet, ne laisse pas d’être intéressant. Quand le texte était rempli de fautes, on pouvait le négliger et le considérer comme à peu près inintelligible. Depuis M. Müllach, ce dédain n’est plus permis ; et pour ma part, sans être entièrement satisfait, je ne trouve pas ce traité plus obscur que tant d’autres, dans l’ouvre Aristotélique. Avec les restitutions proposées, qui sont très acceptables, puisque la plupart sont justifiées par des manuscrits mieux étudiés, on se rend très bien compte de ce que l’auteur a voulu faire ; et son style est à peu près aussi clair qu’on puisse le désirer. Si donc cet opuscule, qui n’est après tout qu’une réunion de notes, n’est pas d’Aristote, il n’est pas indigne de lui, comme on l’a cru trop longtemps ; et surtout il ne l’est pas des