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parties qui se rapportent à Xénophane et à Mélissus n’étant pas liées nécessairement l’une à l’autre, l’interversion n’a rien de choquant ni d’inexplicable.

Mélissus, que nous plaçons en seconde ligne à la fois sous le rapport de l’importance et de la chronologie, est un personnage fort intéressant, quoique inférieur. Né à Samos, comme Pythagore, il y joua un rôle considérable et défendit sa patrie avec autant d’habileté que de courage, dans le siège acharné qu’elle soutint contre Athènes, quinze ans environ avant la guerre du Péloponnèse. Pendant une absence qu’avait dû faire Périclès, pour s’opposer à des vaisseaux Phéniciens arrivant au secours de la ville, Mélissus avait tenté une sortie heureuse, avait détruit les ouvrages des Athéniens et était arrivé jusqu’à leur flotte, qu’il avait presque entièrement détruite. Samos avait pu se ravitailler, grâce à cette victoire ; mais, au retour de Périclès, la fortune avait changé. Mélissus fut vaincu dans un combat de terre, et la ville avait dû se rendre à discrétion et subir les conditions les plus dures. Thucydide, qui rapporte ces événements, (liv. 1, ch. 116) ne nomme pas Mélissus ; mais Plutarque le nomme dans la vie de Périclès (ch. XXVI, § 3, page 199, éd. Firmin Didot), et il ne peut y avoir de doute, puisqu’il dit expressément que Mélissus, fils d’Ithagène, était philosophe. Plutarque ajoute, d’après Aristote, qu’il allègue sans indication plus précise, que Périclès lui-même avait été vaincu antérieurement par Mélissus, dans une autre bataille navale. Ceci donnerait encore une plus haute idée du talent militaire de Mélissus.

Quoiqu’il en suit, un point certain c’est que, sous le philosophe, il y a dans Mélissus un patriote, un politique, un