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rendit à Élée, qui venait d’être fondée par les Phocéens en 536 avant J.-C., sur les côtes de la grande Grèce et de la mer Tyrrhénienne, et il y créa lui-même cette école qui devait illustrer la ville nouvelle. On ne sait pas s’il y mourut, ou s’il retourna à Colophon. Il parait avoir vécu fort vieux, si l’on en croit quelques vers qui sont restés de lui [1], et où il semble se donner, quand il les compose, l’âge de 92 ans. Il est vrai que ces vers pourraient être interprétés aussi en un autre sens ; et ils signifieraient que Xénophane avait alors 67 ans, et que les événements dont il est question étaient arrivés quand il n’en avait encore que 25 : « Si toutefois » dit-il, je puis parler de ces choses avec quelqu’exactitude. » Diogène de Laërte le fait fleurir vers la 80. Olympiade, c’est-à-dire vers l’an 540. En supposant qu’il eût à cette époque 45 ou 50 ans, il serait né un peu plus tard qu’on ne le suppose, quand on le fait naître l’an 617 avant notre ère.

Ce qui peut donner à penser qu’en effet la date de sa naissance doit être un peu plus rapprochée, c’est que Xénophane cite Pythagore [2] dont il a peut-être admis les idées sur la métempsychose. Or nous savons par un témoignage formel de Cicéron, (De Republica, liv. II, ch. 15) que Pythagore ne vint à Sybaris et à Crotone que dans la 82e Olympiade, la quatrième année du règne de Tarquin le Superbe, c’est-à-dire l’an 530. Est-il probable que Xénophane ait parlé, comme il le fait, de Pythagore vivant ? Et alors ne faut-il pas reporter un peu plus bas l’époque où il vivait, et aussi sa naissance ? Voici ces vers :

  1. Diogène de Laërte, Livre IX, ch. 2, page 234, éd. de Didot.
  2. Diogène de Laërte Livre VIII, ch. 8, page 213, éd. de Didot.