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non plus qui doive le faire exclure de l’école péripatéticienne la plus voisine du maître, et j’incline à l’opinion de M. Müllach, qui veut que ce soit un extrait des ouvrages d’Aristote mentionnés par Diogène de Laërte, ainsi que je l’ai rappelé un peu plus haut. Cet extrait aurait été fait par quelque péripatéticien, de même que Théophraste avait fait probablement aussi des emprunts analogues aux mêmes ouvrages pour ses citations de Xénophane, telles que nous les donne Simplicius. Il y a dans les œuvres d’Aristote des extraits de ce genre, et l’on peut indiquer les deux rédactions de la Grande Morale et de la Morale à Eudème, qui ne sont que des analyses plus ou moins bien faites de la Morale à Nicomaque. Je crois pouvoir conclure que, si notre traité n’est ni d’Aristote ni de Théophraste, il est tout au moins d’un temps qui ne s’écarte pas beaucoup du leur ; et par cela seul, il acquiert une importance qu’il est impossible de nier.

En regardant à la rédaction même de cet opuscule, je suis frappé de la haute valeur de ce qu’il contient. Mélissus, Xénophane et Gorgias sont trois personnages dont l’histoire de la philosophie ne peut négliger le souvenir. Quoi qu’ici ils ne soient pas rangés selon les exigences de la chronologie, ce qui en est dit n’en a pas moins de prix. Nulle part on ne trouve rien d’aussi étendu sur les trois philosophes qui y sont mentionnés. Sans doute on peut désirer davantage encore ; mais ces fragments sont tout ce que nous avons sur l’ensemble de leurs doctrines, et notre reconnaissance est due à qui nous les a conservés sous cette forme. L’école d’Élée, malgré ses erreurs, est une très glorieuse école ; et à côté de ses subtilités sur l’unité et l’immobilité de l’être, il est bien curieux d’entendre ses