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grand disciple et successeur d’Aristote. Ce qui peut donner quelque vraisemblance et quelque autorité à cette supposition, c’est que Simplicius, dans son commentaire sur la Physique, folio 6, A, cite un passage de Théophraste où cet auteur rapporte de Xénophane des opinions tout à fait d’accord avec celles que nous lisons dans notre traité. C’est sans doute par ces deux motifs, et aussi en considérant l’ouvrage en lui-même, que M. Brandis, dans son « Histoire de la philosophie grecque et latine.  » ( tome I, page 358), l’a retiré à Aristote pour le rendre à Théophraste. Ce changement n’a pas été goûté parmi les philologues, bien que venant d’un juge aussi savant et aussi habile ; et M. Théodore Bergk a déclaré qu’à son sens, ce traité n’était pas plus digne de Théophraste que de son maître.

Ici, je suis de l’avis de M. Müllach, et je trouve comme lui que c’est aller beaucoup trop loin. J’ai remarqué tout à l’heure que ce traité n’avait pas été rédigé avec tout le soin désirable, puisque les philosophes dont il critique les doctrines n’y sont pas même désignés nominativement. Mais dans l’œuvre totale d’Aristote, telle que les siècles me l’ont transmise, que de défauts de ce genre ! que de négligences de rédaction ! que de morceaux inachevés ! que de pages en désordre, même parmi les plus belles, comme pour la Métaphysique, par exemple ! On sait, de reste, par quelles causes Aristote a laissé tous ses manuscrits dans cet état d’insuffisance. Il n’avait presque rien publié de son vivant ; et ce n’était que vers cinquante ans qu’il s’était décidé à faire parâtre quelque chose de son enseignement. Surpris par la réaction antimacédonienne, après la mort d’Alexandre, forcé de