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et l’équivoque parait dès lors inexplicable. Mais, par malheur, il n’en est rien. Notre traité dit toujours simplement : Il, sans désigner nominativement qui que ce soit ; et c’est uniquement par l’examen même des doctrines qu’on peut reconnaître à qui elles appartiennent légitimement. Ce traité a donc été rédigé avec assez peu de soin, dans sa forme extérieure tout au moins ; et l’auteur, quel qu’il soit d’ailleurs, a le tort de n’avoir pas été assez précis. Il a fallu la sagacité des philologues modernes pour réparer cette lacune, qui n’est peut-être que la faute d’un copiste.

Ce que je dis ici de Mélissus s’applique presque aussi bien à Xénophane. Il n’est pas nommé non plus dans la seconde partie du traité ; mais pour lui, il n’y a pas de doute, parce que ses doctrines sont mieux connues que celles de Mélissus ; en lui attribuant celles qu’on trouve ici, on ne peut pas se tromper.

Cette certitude peut s’étendre, à plus forte raison, à Gorgias, qui n’est pas nommé davantage, au début de la troisième partie (chapitres V et VI), qui le regarde, mais dont les arguments nous ont été conservés, absolument identiques à ceux que nous voyons dans notre traité, par Sextus Empiricus. (Adversùs mathematicos, logicos, livre VII, tome Il, page 285, édition de 1842, et tome I, page 134).

De tout ceci, je conclus que le titre définitif de notre traité doit être : « De Mélissus, de Xénophane et de Gorgias. » Ce titre répond parfaitement au contenu ; et M. Müllach a bien fait de l’adopter. Désormais, on ne peut que l’adopter comme lui ; et, pour ma part, je n’ai pas hésité. Reste, il est vrai, dans les titres ordinairement