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sur l’Être ou la Nature ; et il se trouve que ces passages sont semblables, parfois mot pour mot, aux détails mêmes de notre traité. Il a suffi à Spalding de mettre ces concordances les unes en regard des autres ; et en face d’une telle démonstration, il n’est pas possible de nier que Mélissus ne soit le philosophe dont il est question dans les deux premiers chapitres.

A cette raison, qui suffirait déjà à elle seule, s’en joint une autre : c’est que, dans le catalogue de Diogène de Laërte (livre V, 1, S 25, édition de Firmin Didot, p. 118), on trouve la mention expresse d’un traité d’Aristote sur les doctrines de Mélissus. Cette mention n’est pas isolée ; et Diogène atteste que le philosophe avait critiqué aussi les idées de Zénon, de même qu’il avait fait un examen spécial des systèmes des Pythagoriciens, d’Archytas, de Speusippe, de Xénocrate, etc. L’Anonyme de Ménage confirme ce témoignage de Diogène de Laërte, et il parle également de traités d’Aristote sur Mélissus et sur Gorgias. Qu’Aristote se soit occupé des doctrines de Mélissus, il n’y a rien là que de très probable quand on voit, par ses différents ouvrages que nous possédons, combien il était au courant de toutes les philosophies antérieures à la sienne. Il cite Mélissus très fréquemment ; et nous aurons à rappeler plus d’une fois ce qu’il a dit de lui et de Xénophane, soit dans la Physique, soit dans la Métaphysique, soit même ailleurs.

Ainsi Spalding a raison, et la première partie de notre traité regarde bien Mélissus.

Mais on peut se demander comment ce doute même a été possible. Si Aristote critique Mélissus ou tel autre philosophe, il a dû, ce semble, le nommer personnellement,