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atteste un très sérieux progrès. Pour que le vulgaire pût l’admettre et la répéter, il fallait bien que les savants en sussent plus que lui. Ce qui est encore non moins incontestable, c’est que, parmi ces peuples, la réputation de Thalès devait être grande pour qu’on lui attribuât sans hésitation ce miracle de science. Hipparque de Rhodes, au rapport de Pline, avait pu dresser un catalogue d’éclipses de soleil et de lune pour six cents ans. Du temps de l’écrivain romain, les calculs de l’astronome n’avaient pas été une seule fois démentis ; on eût dit qu’ « Hipparque avait été admis aux conseils de la nature. » Hipparque est de 400 ans environ postérieur à Thalès : mais peut-être la distance qui sépare la science de l’un et de l’autre, est-elle assez bien proportionnelle à l’intervalle de temps qui est entr’eux. Or, ce n’est pas en un jour qu’on arrive à de telles précisions ; et je ne vois rien d’impossible à ce que Thalès, sous le règne d’Alyatte, ait inauguré une science qu’Hipparque poussait déjà si loin, 150 ans avant l’ère chrétienne.

Mais je poursuis.

La paix fut bientôt conclue entre les Lydiens et les Mèdes, par les bons offices de Syennésis, roi de Cilicie, et de Labynétus, roi de Babylone. Alyatte donna sa fille en mariage à Astyage, fils de Cyaxare. Le traité fut solennellement juré des deux parts ;