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lacune ni défaillance, il nous faut rechercher s’il y a quelque chose de nécessaire, ou, si rien n’étant nécessaire, il est possible de toutes choses qu’elles ne soient pas. Or, il est évident que certaines choses sont nécessaires ; et c’est là ce qui fait que dire d’une chose précisément qu’elle sera, est tout différent de dire qu’elle doit être ; car, du moment qu’il est vrai de dire d’une chose qu’elle sera, il faut aussi qu’un jour il soit vrai de dire de cette chose qu’elle est ; tandis que, quand il est vrai de dire simplement d’une chose qu’elle doit être, rien n’empêche qu’elle ne soit pas : par exemple, il se peut très bien que quelqu’un qui devait se promener ne se promène pas.

§ 2.[1] Mais comme parmi les choses qui sont, il y en a qui peuvent aussi ne pas être, il est évident qu’il en sera de même encore pour les choses qui deviennent et se produisent, et qu’il n’y a pas là non plus de nécessité. Toutes les choses qui se produisent sont-elles ou ne sont-elles pas dans ce cas ? N’y en a-t-il pas quelques-unes qui doivent nécessairement se produire ? Et n’en est-il pas pour le devenir ce qu’il en est pour

    Ch. XI, § 1. Ni lacune ni défaillance, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — S’il y a quelque chose de nécessaire, sur la théorie de la nécessité, voir la Physique, livre II, ch. 9, page 61 de ma traduction. — Certaines choses sont nécessaires, ce sont celles qui sont les conséquences nécessaires d’une certaine hypothèse ; mais l’hypothèse elle-même n’est pas nécessaire. — Précisément, j’ai ajouté ce mot, pour fixer davantage le sens de la pensée. — Qu’elle doit être, il y a dans le mot du texte une sorte d’éventualité qui n’est pas dans l’expression française. -Simplement, j’ai ajouté aussi ce mot. Peut être au lieu de « Doit être, » vaudrait-il mieux traduire « Peut être. » Ces nuances sont très difficiles à faire passer d’une langue dans l’autre.

  1. § 2. Qui deviennent et se produisent, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. Il faut distinguer avec attention l’être du devenir. L’un est éternel, ou du moins durable, tandis que l’autre est contingent et passager. — Pour le devenir, je hasarde cette expression, qui répond davantage