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docle d’expliquer la production des êtres dans la nature ; car tous les êtres qui naissent et se produisent selon les lois naturelles, ou naissent toujours d’une certaine façon régulière, ou du moins le plus souvent de cette façon ; les êtres qui se produisent contre cet ordre éternellement ’constant, ou du moins le plus ordinaire, sont le fruit d’une cause fortuite et du hasard. Qu’est-ce qui fait donc que d’un homme naît un homme, ou toujours et suivant une règle éternelle, ou du moins le plus ordinairement, de même que du blé vient toujours du blé, et non pas un olivier ? Est-ce que les os ne se forment pas aussi de la même manière ? Mais non, les choses ne se produisent pas au hasard, et par une rencontre fortuite, comme le dit Empédocle ; elles se produisent par une certaine raison.

§ 6.[1] Quelle est donc la cause de tous ces phénomènes ? Ce n’est certes pas ni la terre ni le feu. Ce ne sont pas davantage l’Amour et la Discorde ; car l’un n’est cause que de la combinaison des choses, et l’autre de leur division. Cette cause, c’est l’essence de chaque chose ; ce n’est pas seulement comme le dit Empédocle :

    pensée. — Dans la nature, indépendamment de ceux que peut former l’art de l’homme.— D’une cause fortuite et du hasard, cette réfutation de la théorie du hasard est tout à fait conforme, et quelquefois même jusque dans les termes, à celle qui se trouve dans la Physique, livre II, ch. 4, § 6 et 8, pages 31 et 32 de ma traduction, et aussi dans tout le chapitre 5 et dans les suivants. — Les os ne se forment pas aussi, on ne voit pas trop bien pourquoi l’exemple des os est amené ici ; Empédocle, il est vrai, s’en sert lui-même assez souvent. — Comme le dit Empédocle, voir la Physique, livre II, ch. 8, § 3, page 54 et suivantes de ma traduction. — Une certaine raison, ou « une certaine intelligence. »

  1. § 6. Ce n’est certes pas la terre ni le feu, il y a quelque ironie dans la tournure de cette phrase. — L’Amour et la Discorde, les deux grands principes d’Empédocle ; voir la Physique, livre VII, ch. 1, § 4, page 455 de ma traduction. — C’est l’essence