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unes à côté des autres ? Car on appelle encore cela un mélange ; et c’est ainsi que l’on dit que la paille est mêlée au grain, quand, à côté de chaque grain, est placé un brin de paille.

§ 7.[1] Si un corps est divisible, et si un corps, quand il est mêlé à un autre corps, doit lui être homogène, il faudrait que toute partie quelconque du mélange s’unit à une autre partie quelconque. Mais comme le corps ne peut jamais être divisé en ses parties les plus petites, et comme la juxtaposition n’est pas du tout le mélange et est tout autre chose, évidemment on ne peut plus dire que les choses sont mélangées, quand elles se conservent ce qu’elles sont, en petites particules. Alors il y a juxtaposition ; mais il n’y a ni mixtion, ni mélange ; et la définition d’une partie du mélange ne pourra plus être la même que celle qu’on donnerait du mélange tout entier. Quant à nous, nous disons que, pour qu’il y ait un vrai

    phrase la tournure interrogative pour qu’elle fût symétrique à celle qui précède. C’est la seconde explication du mélange : Les deux choses subsistent, leurs parties étant juxtaposées. — La paille est mêlée au grain, l’exemple est très clair, et ce mélange n’est plus du tout le mélange de l’eau et du vin, où l’un des liquides ne peut plus être distingué de l’autre, comme on le supposait dans la première explication.

  1. § 7. Si un corps est divisible, il semble que ce soit une réponse faite par Aristote aux deux théories précédentes ; et c’est ainsi que Philopon et Saint-Thomas entendent ce passage. Mais l’opposition n’est pas bien marquée dans le texte, qui reste assez obscur ; et malgré mes efforts, je n’ai pu rendre la traduction beaucoup plus claire. — Il faudrait, j’ai conservé la tournure du texte ; mais peut-être le présent : Il faut, serait-il préférable. — En ses parties les plus petites, c’est-à-dire que la division ne peut jamais arriver à des atomes, et qu’elle est toujours possible, comme le soutient Aristote, du moins rationnellement, si ce n’est en fait. — La juxtaposition, on pourrait traduire aussi : « la combinaison. » - En petites particules, comme le grain et la paille, dont on vient de parler. — Ni mixtion ni mélange, les deux mots