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feu et la glace sont une seule et même chose. Mais confondre les choses belles en soi avec celles qui ne nous le paraissent que par l’usage, sans trouver, d’ailleurs, aucune différence entr’elles, ce ne peut être que le résultat d’un véritable égarement d’esprit.

§ 5.[1] Quant à Leucippe, il se croyait en possession de théories qui, tout en s’accordant avec les faits attestés par les sens, ne devaient pas compromettre, selon lui, ni la production ni la destruction, ni le mouvement ni la pluralité des êtres. Mais, après cette concession faite à la réalité des phénomènes, il en fait d’autres à ceux qui admettent l’unité de l’être, sous prétexte qu’il n.’ y a pas de mouvement possible sans le vide, et il accorde que le vide est le non-être, et que le non-être n’est rien de ce qui est. Ainsi, d’après lui, l’être, proprement dit, est excessivement nombreux ; l’être, ainsi entendu, ne peut pas être un ;

    spéculatives de l’école d’Élée. — Les choses belles en soi, ce passage, que n’a pas commenté non plus Philopon, offre de l’obscurité. Le mot du texte, que j’ai rendu par belles en soi, est un peu équivoque ; et il peut signifier tout aussi bien les choses bonnes que les choses belles. La critique serait encore plus vive, et Aristote reprocherait à l’école d’Élée de détruire toute morale, en confondant le mal et le bien. C’est là le sens qu’ont adopté quelques commentateurs modernes.

  1. § 5. Quant à Leucippe, voir, pour les opinions de Leucippe et de Démocrite sur le vide ; la Physique, livre IV, ch. 8, § § 3 et suivants, page 187 de ma traduction. D’ailleurs, Aristote semble ici faire plus de cas de Leucippe que dans la Physique, où il dit de lui et de son maître : « qu’ils n’ont pas même posé le pied sur le seuil de la question. » - Selon lui, j’ai ajouté ces mots, pour compléter la pensée. — Ni le mouvement, ni la pluralité, en un mot, tout ce que les sens nous attestent comme des réalités évidentes. — Faite à la réalité des phénomènes, le texte n’est pas aussi formel. — Le non-être n’est rien de ce qui est, il semble que c’est une pure tautologie ; mais elle est dans le texte. — D’après lui, j’ai ajouté ces mots. — Est excessivement nombreux, je crois que c’est là, la leçon véritable, et elle est d’accord avec le contexte. D’autres