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Mais les philosophes qui les soutiennent peuvent sembler se contredire entre’ eux ; et, la cause de leurs dissentiments à cet égard, c’est que dans une question où il fallait considérer l’ensemble du sujet, ils n’en ont considéré, les uns et les autres, qu’une seule partie.

§ 4.[1] Il est bien vrai que ce qui est tout à fait semblable et ne diffère absolument d’aucune façon que ce soit, ne peut absolument rien souffrir, ni rien éprouver de la part de son semblable. Pourquoi l’un des deux objets, en effet, agirait-il plutôt que l’autre ? S’il est possible que la chose souffre en quelque manière de son semblable, alors elle pourra se faire souffrir aussi elle-même. Or, ceci étant admis, il en résulterait que rien au monde ne serait impérissable, ni immobile, si l’on suppose que le semblable, en tant que semblable, peut agir, puisqu’alors tout être quelconque pourra se donner le mouvement à lui-même, et le donner tout aussi bien à

    mais nous devons, à cet égard, nous en rapporter à l’exactitude d’Aristote, qui n’a jamais cherché à rabaisser ses prédécesseurs, malgré l’accusation que Bacon a portée contre lui. — L’ensemble du sujet, le texte n’est pas aussi précis. D’ailleurs, l’idée qu’exprime Aristote est profondément juste ; et cela revient à dire qu’en général ces systèmes sont encore plutôt incomplets qu’erronés.

  1. § 4. Rien souffrir ni rien éprouver, il n’y a qu’un seul mot dans le texte ; mais comme il y a deux négations, j’ai voulu en rendre la force par ces deux verbes, quoique le sens en soit à peu près le même. — De la part de son semblable, c’est-à-dire, de ce qui est absolument et identiquement semblable à lui. — L’un des deux objets, j’ai ajouté les trois derniers mots. — Agirait-il, ou souffrirait-il. — Elle pourra se faire souffrir, c’est-à-dire, supporter quelqu’action qu’elle produirait elle-même sur elle-même. Cette théorie peut sembler bien subtile. — Ceci étant admis, en d’autres termes, si l’on suppose que le semblable puisse agir sur le semblable, et une chose agir directement sur elle-même. — Impérissable ni immobile, et Aristote a toujours soutenu qu’il y a des choses impérissables dans le monde, et que tout au moins le premier moteur est immobile. — Pourra se donner le