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CHAPITRE VII.

Théorie de l’action et de la passion ; opinions des philosophes ; Démocrite est celui qui a le mieux compris ce sujet ; cause de l’erreur des philosophes. Le semblable ne peut éprouver aucune action de la part de son semblable ; rapport nécessaire de l’agent et du patient ; leur identité et leur différence. Conciliation des deux opinions opposées, dans une distinction verbale, qu’on ne fait pas toujours. Analogie du mouvement avec les deux phénomènes de l’action et de la passion ; le premier moteur peut être immobile ; le premier agent peut également être impassible. Fin de la théorie de l’action et de la passion.


§ 1.[1] A la suite de ce qui précède, nous allons expliquer ce qu’on doit entendre par agir et souffrir. Nous avons reçu des philosophes antérieurs à nous des théories assez divergentes entr’elles sur ce sujet. Cependant ils conviennent assez unanimement que le semblable ne peut rien souffrir du semblable, parce que l’un n’est pas plus actif ni passif que l’autre ; et que les semblables ont toutes leurs qualités absolument identiques. Puis, on ajoute que ce sont naturellement les corps dissemblables

  1. Ch. VII, § 1. Par agir et souffrir, Je n’ai pu trouver dans notre langue d’expressions qui rendissent plus clairement les mots du texte. On pourrait traduire aussi : « Être actif et passif. » Agir et souffrir sont les deux dernières des dix Catégories ; voir les Catégories, ch. 4, §§ 1 et de ma traduction. — Reçu des philosophes antérieurs à nous, Philopon remarque qu’Aristote reste fidèle à sa méthode habituelle d’exposer les théories précédentes, avant d’exposer la sienne propre. — Que le semblable ne peut rien souffrir du semblable, c’est là un de ces axiomes comme on en trouve un assez grand nombre dans la philosophie, qui ne reposent pas sur des observations assez complètes, et qui sont des conclusions prématurées et purement logiques. — Les corps