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dans la Grèce. Chassés par les Doriens, qui envahissaient le Péloponnèse en venant du nord, ils avaient traversé l’isthme de Corinthe, et ils s’étaient abrités, pour quelque temps du moins, dans l’Attique, le refuge ordinaire de tous les proscrits, comme le remarque Thucydide, dans le préambule de son histoire. Bientôt l’Attique, au sol peu fertile, ne suffit plus à ses habitants, et les fugitifs de l’Achaïe durent songer à un autre asile. Codrus venait de mourir héroïquement pour sauver sa patrie. La royauté abolie ne permettait plus à ses fils de rester dans un pays où ils ne recueillaient point l’héritage paternel. Ils se mirent à la tête de l’émigration ; Nélée se dirigea vers Milet, et Androclus vers Éphèse. A en croire les marbres de Paros, c’est Nélée qui fonda les douze villes Ioniennes, et établit comme lieu fédéral, sous les auspices de la religion, le Panionium, qui ne fut pas aussi puissant que sans doute il l’avait espéré.

Les émigrants qui suivirent les fils de Codrus paraissent avoir été fort mêlés ; ce n’étaient pas de purs Ioniens, comme on aurait pu le penser. Ceux qui étaient venus originairement de l’Achaïe dans l’Attique avaient rencontré, dans ce dernier pays, des races très diverses et très confuses, qui n’avaient rien de commun ni avec eux ni entre elles. C’étaient des Abantes de l’Eubée, des Miniens d’Orchomène, des Cadméens,