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aux choses qui ont aussi un lieu, et la première différence du lieu étant le haut et le bas, avec les autres oppositions de ce genre, il s’ensuit que toutes les choses qui se touchent doivent avoir pesanteur ou légèreté, ou ces deux propriétés à la fois, ou au moins l’une des deux. Or, ce sont les choses de cette espèce qui sont susceptibles d’agir et de souffrir. On doit donc évidemment en conclure que ces choses-là se touchent naturellement, qui, étant des grandeurs séparées et distinctes, auront leurs extrémités bout à bout, et pourront l’une mouvoir, et l’autre être mue, réciproquement l’une par l’autre. Mais comme le moteur ne meut pas de la même manière que meut à son tour l’objet mu, et que ce dernier ne peut mouvoir qu’autant que lui-même est mis en mouvement, tandis que l’autre peut mouvoir tout en restant lui-même immobile, il est évident que nous pourrons appliquer les mêmes distinctions

    § 7. La première différence, c’est-à-dire, la différence la plus apparente, celle qui frappe tout d’abord les sens ; voir la Physique, l. III, ch.7, § 28, page 114 de ma traduction. — Avec les autres oppositions de ce genre, c’est-à-dire, à droite et à gauche, devant et derrière, etc. — Il s’ensuit, la conséquence ne paraît pas très rigoureuse ; mais dans les théories d’Aristote, le mouvement en haut impliquant la légèreté, et le mouvement en bas impliquant la pesanteur, le corps ne peut avoir un lieu que s’il est ou pesant ou léger. — Ou ces deux propriétés à la fois, ceci ne se comprend bien que comparativement. Un corps est lourd par rapport à un certain corps, et léger par rapport à un autre. — L’une des deux, ainsi dans les théories d’Aristote, la terre n’a que la pesanteur, et le feu n’a que la légèreté. L’air et l’eau ont à la fois légèreté et pesanteur, selon qu’on les compare aux deux autres éléments extrêmes. — Bout à bout, le texte dit : « ensemble, » comme plus haut. — L’une mouvoir et l’autre être mue, l’expression du texte est tout aussi concise et n’est pas plus nette. — Tout en restant lui-même immobile, voir toute la théorie du premier moteur immobile dans la Physique, l. VIII, ch. 7 et 8, pages 507 et suivantes de ma traduction ; voir aussi la Métaphysique, l. XII, ch. 8, page 203, traduction de M. V. Cousin.