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que l’élément ajouté peut nourrir le corps. C’est par là que, rationnellement, la nourriture et l’accroissement diffèrent l’un de l’autre. Voilà aussi pourquoi le corps est nourri tout le temps qu’il vit et dure, et même qu’il dépérit ; mais il ne s’ accroît pas sans cesse. Au fond, la nutrition est identique et se confond avec l’accroissement ; mais leur être est différent. Ainsi donc, en tant que l’élément qui vient s’ajouter est en puissance, une certaine quantité de chair peut accroître la chair ; mais c’est seulement en tant qu’il est chair en puissance, qu’il peut être nourriture.

§ 18.[1] Cette forme, ou cette espèce sans matière est dans la matière, comme une puissance immatérielle ; mais s’il vient s’ajouter au corps quelque matière qui, en puissance, est immatérielle, tout en ayant aussi en puissance la quantité ces corps immatériels

    l’accroissement qu’il prend. — L’élément ajouté, le texte n’est pas aussi formel. — Qu’il peut nourrir le corps, le texte dit simplement : « qu’il nourrit. » - Rationnellement, ou peut-être : « par leur définition. » - Et même qu’il dépérit, ou peut traduire aussi : « et même jusqu’à ce qu’il se détruise. » - Au fond, j’ai ajouté ces mots. — Mais leur être est différent, distinction bien connue, et souvent employée, dans le système d’Aristote. — Ainsi donc, résumé de la théorie précédente, qui peut sembler à la fois très délicate et très vraie.

  1. § 18. Tout ce paragraphe est fort obscur ; et il paraît probable que le texte est ici altéré. Il semble cependant que Philopon l’avait déjà tel que nous l’avons aujourd’hui, et qu’il n’y trouvait aucune difficulté. Aussi son commentaire ne nous donne-t-il aucune lumière spéciale. — Sans matière… dans la matière immatérielle, toutes ces répétitions sont dans l’original. — La quantité… Les points que j’ai mis ici, à l’imitation de quelques éditeurs, doivent servir à indiquer qu’il y a probablement une lacune ; mais ce n’est qu’une simple conjecture, que n’appuie aucun document. — Ces corps immatériels, le texte a un pronom démonstratif, au masculin pluriel, qui ne semble se rapporter à rien, et qui peut faire croire à la lacune que j’ai signalée. Les Coïmbrois ont supposé une variante, qui consisterait en un accent sur une voyelle ; mais cette variante ne servirait guère à éclaircir le