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Pourquoi donc, en effet, les deux ne s’accroissent-ils pas à la fois ? Car ce qui s’accroît et ce qui accroît sont plus grands ; comme en mêlant de l’eau et du vin, la quantité de l’un et de l’autre devient plus grande également. Ne peut-on pas dire que cela tient à ce que, dans un cas, la substance demeure et subsiste, tandis que la substance, et c’est ici la substance de la nourriture, disparaît dans l’autre cas ? Ici encore c’est l’élément dominant, qui donne son nom au mélange, comme quand on dit que le mélange est du vin, parce que le mélange entier fera l’effet de vin et non pas d’eau.

§ 12.[1] Il en est de même aussi pour l’altération. Si, par exemple, la chair subsiste et reste toujours ce qu’elle est, et s’il survient à la chair une qualité essentielle qui n’y était pas antérieurement, la chair alors a été simplement altérée. Mais parfois, ce qui altère la chose, ou ne souffre rien lui-même dans sa propre substance, qui n’a

    s’accroît-il pas aussi, on pourrait ne pas donner la forme interrogative à cette partie de la phrase et dire : « tandis que ce qui fait ne s’accroît pas. » - Sont plut grands, l’expression est équivoque ; car le mélange des deux est certainement plus grand que l’un ou l’autre pris à part ; mais chacun d’eux séparément ne l’est pas, si ce n’est dans le sens détourné de l’exemple qui suit. — La quantité de l’un et de l’autre, ceci n’est pas exact ; la quantité de vin et celle de l’eau restent les mêmes ; mais c’est leur combinaison seule qui est plis considérable ; et si l’on dit qu’il y a plus d’eau ou plus de vin, c’est un simple abus de langage. C’est l’élément dominant qui donne son nom au mélange, ceci même n’est pas fort exact ; et l’on ne dit pas du mélange qu’il soit de l’eau ou du vin ; on dit plutôt qu’il est de l’eau rougie.

  1. § 12. Il en est de même aussi pour l’altération, c’est-à-dire que, dans le phénomène de l’altération, on retrouve aussi les mêmes conditions que dans le phénomène de l’accroissement. — Simplement altérée, c’est le sens véritable de l’altération ; la qualité seule a changé ; mais le corps est resté le même. — Dans sa propre substance, qui n’a pas été altérée, il y a des manuscrits qui n’ont pas cette phrase, et Philopon dans son commentaire ne l’a pas ; mais il me semble qu’on peut accepter le sens que je donne dans ma traduction. — Ce qui