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non-être absolu est le second des deux contraires ; et par exemple, la terre et tout ce qui est lourd étant le non-être, si c’est le feu et tout ce qui est léger qui est, ou qui n’est pas l’être. Mais on peut dire encore que la terre est l’être, et que le non-être est la matière de la terre, comme il l’est également du feu. Mais la matière de l’un et de l’autre de ces éléments est-elle donc différente ? Et est-il impossible qu’ils viennent l’un de l’autre, non plus que des contraires ? Car le feu, la terre, l’eau et l’air ont des contraires ; ou bien, leur matière est-elle la même en un sens, et n’est-elle différente qu’en un autre sens ? Car ce qui est le sujet de part et d’autre est identique, et c’est le mode seul d’existence qui ne l’est pas. Mais arrêtons-nous à ce que nous venons de dire sur ce sujet.

    ou plutôt un abus de langage, qu’on peut parler de la production ou de la destruction du néant.

    § 19. Est le second des deux contraires, celui qui n’est pas réellement, mais qui pourrait être, en remplaçant le contraire qui est. — La terre et tout ce qui est lourd étant le notre, contre l’opinion vulgaire, qui accorderait plus d’être à la terre qu’à l’air et au feu, parce qu’elle est plus perceptible aux sens ; voir plus haut, § 13. — Que la terre est l’être, il semble en effet difficile de le nier. — Le non-être est la matière de la terre, il ne semble pu que le non-être puisse être la matière de quoi que ce soit, si ce n’est dans le sens purement abstrait, où on vient de le dire un peu plus haut. — Est-il impossible qu’ils viennent l’un de l’autre, c’est ce qu’il semble, à ne s’en rapporter qu’au témoignage des sens. — Ont des contraires, il serait peut-être plus exact de dire qu’ils sont contraires les uns aux autres. — Ce qui est le sujet, c’est-à-dire la matière prise au sens abstrait, mais non pas au sens réel et positif. — Le mode seul d’existence, distinction familière à Aristote, et qui souvent est très exacte. — Arrêtons-nous, il ne paraît pas cependant que le sujet soit épuisé, ni surtout qu’il soit suffisamment élucidé par les développements qui précèdent.