de la production continue et éternelle des choses, attendu qu’il peut indifféremment se changer dans les contraires, et que, pour les substances, la production d’un phénomène est toujours la destruction d’un autre ; et réciproquement, que la destruction de celui-ci est la production de celui-là.
§ 18.[1] Du reste, il n’y a pas non plus à se demander pourquoi c’est cette destruction éternelle des êtres qui fait que quelque chose peut se produire ; car de même qu’on dit qu’une chose est détruite absolument, quand elle passe à l’insensible et au non-être, de même on peut dire qu’elle se produit et vient du non-être, quand elle vient de l’insensible. Par conséquent, soit qu’il y ait, soit qu’il n’y ait pas préalablement un sujet, la chose vient toujours du néant ; de telle sorte que, tout à la fois, la chose, en se produisant vient du non-être, et qu’en se détruisant, elle retourne au non-être encore. C’est bien là ce qui fait qu’il n’y a ni cessation ni lacune ; car la production est la destruction du non-être, et la destruction est la production du néant.
§ 19.[2] Mais on pourrait se demander si ce
- ↑ § 18. C’est cette destruction éternelle des êtres, le texte n’est pas tout à fait aussi formel dans tout ce passage. — Quand elle passe à l’insensible, voir plus haut, § 13. — La chose vient toujours du néant, j’ai pris une expression aussi générale et aussi vague que celle du texte. En d’autres termes, soit qu’il y ait simple changement de qualité, le phénomène vient toujours de ce qui n’était pas. — Ni cessation ni lacune, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. C’est d’ailleurs par une subtilité,
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tant que matière, le sujet subsiste ; car il est matériellement le lieu des contraires, qui se passent en lui et qui s’y succèdent. Le sujet persiste tout en changeant. — Continue et éternelle, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — La production d’un phénomène, en d’autres termes, le changement des qualités. La production du noir est la destruction du blanc ; la production du blanc est la destruction du noir ; et le sujet, qui devient tour à tour noir et blanc, n’en subsiste pas moins.