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est une certaine catégorie et une espèce réelle ; au contraire, le froid n’est qu’une privation ; et c’est par ces mêmes différences que la terre et le feu se distinguent.

§ 13.[1] Pour le vulgaire, ce qui constitue surtout la différence de la production et de la destruction, c’est que l’une est perceptible aux sens, et que l’autre ne l’est pas. Quand il y a changement en une matière sensible, le vulgaire dit que l’objet naît et se produit, et qu’il meurt et se détruit quand il change en une matière invisible. C’est que les hommes définissent en général l’être et le non-être, selon qu’ils sentent la chose ou ne la sentent pas ; de même qu’ils prennent pour l’être ce qu’on connaît, et pour le non-être, ce qu’on ignore. Mais alors c’est la sensibilité qui remplit la fonction de la science. De même donc que les hommes ne conçoivent leur propre vie et leur être que par ce qu’il sentent ou peuvent sentir, de même aussi conçoivent-ils l’existence des choses, cherchant bien à connaître la vérité, mais ne la trouvant pas dans ce qu’ils disent.

§ 14.[2] C’est que la production et la destruction absolues des choses sont tout autres, selon qu’on les considère d’après l’opinion commune, ou dans leur réalité véritable.

    contraire de l’autre. — La terre et le feu se distinguent, voir le § précédent. D’après le commentaire de Philopon, le feu est plus substance que la terre ; il est l’affirmation ou la possession, tandis que la terre est la négation. Voir la fin du § suivant.

  1. § 13. La différence de la production et de la destruction, ma traduction est un peu plus précise que le texte. — Quand il y a changement, même observation. — Naît et se produit… meurt et se détruit, il n’y a de part et d’autre qu’un seul mot dans le texte. — Conçoivent-ils l’existence des choses, c’est-à-dire selon que les choses sont senties, et selon qu’elles ne le sont pas, ou ne peuvent pas l’être.
  2. § 14. D’après l’opinion commune, on pourrait traduire aussi : « selon