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pour former une seule grandeur, que la grandeur était bien une, et que tous y étaient, tous ces points réunis ne faisaient pas que le tout fût plus grand ; car divisé en deux ou plusieurs points, le tout n’est ni plus grand ni plus petit qu’auparavant ; de telle sorte qu’on aurait beau réunir tous ces points, on n’arriverait jamais à en composer une vraie grandeur.

§ 13.[1] Si l’on dit que, par la division, on arrive à ne plus avoir qu’une sorte de sciure du corps, même dans cette hypothèse c’est toujours d’une certaine grandeur que le corps provient, et il reste la même question : à savoir, comment ce dernier corps est divisible à son tour. Si l’on dit que ce qui s’est détaché n’est pas un corps, mais que c’est quelque forme séparable, ou quelque propriété, il en résulte que la grandeur se réduit à des points

    représenter aucune quantité quelconque. — Ni plus grand ni plus petit qu’auparavant, quel qu’ait été le nombre des points de division. — Une vraie grandeur, j’ai ajouté le mot vraie.

  1. § 13. Une sorte de sciure du corps, le texte est un peu concis, et la pensée parait obscure, bien qu’au fond elle soit claire. Aristote suppose qu’on veut prouver qu’il y a des atomes et que la division du corps ne peut aller à l’infini. Si par la division poussée aussi loin que possible, on arrive à réduire le corps en poussière, comme la sciure du bois que l’on coupe, ces fragments de sciure, tout ténus qu’ils sont, n’en ont pas moins eux-mêmes une dimension ; et alors la question revient pour ces petits corps, aussi bien que pour le corps qu’ils formaient primitivement par leur union. — D’une certaine grandeur, les fragments de la sciure, quelque petits qu’on les suppose, ont cependant une grandeur appréciable. — A son tour, j’ai ajouté ces mots. — Que ce qui s’est détaché, par la division poussée à son dernier terme. — Séparable, Philopon atteste qu’il y avait ici une variante, et que certains manuscrits portaient « inséparable » au lieu de « séparable. » Le contexte semblerait prouver que c’est cette dernière version qui est la bonne. Cependant Philopon paraît approuver davantage l’idée « d’inséparable. » La forme est en effet inséparable du corps, en ce sens qu’elle périt quand le corps périt lui-même, et qu’elle ne peut être rien sans lui. J’ai conservé dans ma traduction la version la plus ordinairement reçue ; mais l’autre pourrait