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idéal, serait multiple, tandis que, sur cette question, Démocrite paraît ne s’en être rapporté qu’à des études spéciales et toutes physiques. Du reste, la suite de cette discussion fera mieux voir ce que nous voulons dire.

§ 10.[1] C’est une grande difficulté de supposer que le corps existe, qu’il est une grandeur divisible à l’infini, et qu’il est possible de réaliser cette division. Que restera-t-il, en effet, dans le corps qui puisse échapper à une division pareille ? Si l’on suppose qu’une chose est divisible absolument, et qu’on puisse réellement la diviser ainsi, il n’y aurait rien d’impossible à ce qu’elle pût être absolument divisée, bien qu’elle ne le fût pas en réalité, ni à ce qu’elle le fût effectivement. Il en est donc de même si l’on divise la chose par moitié ; et, d’une manière toute générale, si une chose naturellement divisible à l’infini,

    même signifie, dans le langage du Platonisme, l’idée du triangle. — Serait multiple, c’est-à-dire divisible, ce qui est tout à fait contraire à la théorie des idées. — La suite de cette discussion fera mieux voir, Aristote sent lui-même qu’il n’en dit pas assez ici pour être parfaitement clair. Philopon défend Platon contre Aristote, qui n’a pas très bien reproduit la pensée de son maître. Il croit que cette théorie pouvait se trouver tout au plus dans les Doctrines non écrites de Platon.

  1. § 10. C’est une grande difficulté, toute la pensée de ce § est obscure. La voici réduite à son expression la plus simple : « Il est difficile de comprendre que le corps puisse être divisible à l’infini, et qu’il n’y ait plus d’atomes ; car cette division à l’infini épuisera le corps tout entier, dont il ne restera plus rien, et l’on arrivera ainsi à composer le corps de simples points, qui n’ont plus aucune dimension. » - Et qu’il est possible de réaliser cette division, le texte n’est pas tout à fait aussi précis. — Qui puisse échapper à une division pareille, puisqu’elle fera évanouir définitivement tout ce qui peut composer le corps. — Il n’y aurait rien d’impossible, c’est une supposition qu’on peut toujours faire, et qui n’implique rien d’absurde. — Si l’on divise la chose par moitié, c’est-à-dire, si l’on partage toujours en deux ce qui reste de la chose, dans les divisions successives, ou si on la divise par