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primitives indivisibles ; ou bien s’il n’y a pas du tout de grandeurs indivisibles. Ce problème est de la plus haute importance. D’autre part, en supposant qu’il y ait des atomes, on peut se demander encore si, comme le veulent Démocrite et Leucippe, ces grandeurs indivisibles sont des corps, ou si ce sont de simples surfaces, comme on le dit dans le Timée.

§ 7.[1] Mais il est absurde, ainsi que nous l’avons démontré ailleurs, de pousser l’analyse des corps jusqu’à les réduire en surfaces ; et par conséquent, il serait plus raisonnable de croire que les atomes sont des corps. J’avoue du reste que cette opinion offre aussi bien peu d’apparence de raison. On peut néanmoins, dans ce système, ainsi qu’on l’a dit, expliquer l’altération et la production des choses, en métamorphosant le même corps selon sa rotation, selon son contact, ou selon les différences de ses formes. C’est là ce que fait Démocrite, et voilà ce qui l’amène à nier la réalité de la couleur, attendu que, selon lui, c’est la rotation seule des corps qui la produit. Mais ceux qui admettent la division des corps en surfaces ne peuvent plus rendre compte de la couleur ;

    Ce problème est de la plus haute importance, aussi Aristote y est-il revenu à plusieurs reprises. — Comme on le dit dans le Timée, voir plus haut, le Traité du ciel, livre III, ch. 7, § 14.

  1. § 7. Ailleurs, dans le Traité du Ciel, livre III, comme le dit aussi Philopon. — Jusqu’à les réduire en surfaces, cette opinion n’est pas celle de Platon dans le Timée, au point où Aristote semble le dire ici. — J’avoue du reste, l’expression du texte est moins nette. — Ainsi qu’on l’a dit, Philopon croit que termes dont se sert ici Aristote, d’après Démocrite, sont particulièrement empruntés à l’idiome d’Abdère. — Sa rotation son contact, ces expressions ne sont pas plus précises en français que les expressions correspondantes ne le sont en grec. — Ceux qui admettent la division des corps en surfaces, comme Platon, ou d’autres philosophes. — Rendre compte de la couleur, ou de toute autre qualité des corps. Le texte grec n’est pas aussi précis.