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les qualités qui changent les unes dans les autres ; et si l’élément est unique, il y a aussi altération.

§ 10.[1] Ainsi, Empédocle nous paraît contredire les faits les plus réels, et tout ensemble se contredire lui-même ; car il prétend à la fois que les éléments ne peuvent venir les uns des autres, mais qu’au contraire tout le reste vient d’eux ; et en même temps, après avoir ramené à l’unité la nature toute entière, la Discorde exceptée, il tire ensuite chaque chose de l’unité qu’il a imaginée. A l’entendre, les choses se séparant de cette unité élémentaire par certaines différences et par certaines modifications, telle chose est devenue de l’eau, et telle autre, du feu. C’est ainsi qu’il appelle le soleil blanc et chaud, et la terre lourde et dure. Mais ces différences étant supprimées, et elles peuvent l’être, puisqu’elles sont nées à un certain moment, il est évident que la terre alors peut venir de l’eau, tout aussi bien que l’eau venait de la terre. De même

    n’est pas tout à fait aussi explicite. — Qui changent les unes dans les autres, et qui par conséquent sont contraires. C’est le même corps, qui est tour à tour chaud ou froid, blanc ou noir, etc.

  1. § 10. Contredire les faits les plus réels, en niant l’existence de l’altération, phénomène qu’il est si facile d’observer. — Ramené à l’unité, c’est le Sphérus dans lequel l’univers est enveloppe, selon Empédocle, par l’effet de l’Amour, jusqu’à ce que la Discorde vienne le développer de nouveau par la séparation des éléments. — La Discorde exceptée, puisque c’est elle qui doit de nouveau rompre l’unité établie par l’Amour. — A l’étendre, il semblerait que ce qui soit est une citation textuelle d’Empédocle ; mais cette exposition n’est pas très nette, et elle a l’obscurité habituelle des réfutations d’Aristote. — Telle chose est devenue de l’eau, il ne semble pas que ce soit là le système exact d’Empédocle. Selon lui, les éléments sont tout formés, et ils ne changent pas. Seulement, ils se réunissent, ou ils se séparent, sous l’influence toute puissante de l’Amour et de la Discorde. — Et elles peuvent l’être, ce n’est peut-être pas là la pensée vraie d’Empédocle. — Elles sont nées à