Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

fruit imprévu. Quelques mots suffiront pour rappeler ce qu’était la contrée prédestinée à ce noble enfantement. Je ne fais qu’indiquer des noms, les plus beaux et les plus incontestables.

A la tête de cette phalange, apparaît Homère, qui est né et a vécu certainement sur les côtes et dans les îles de l’Asie-Mineure, mille ans environ avant notre ère. Que dirais-je encore de ses poèmes ? Comment égaler la louange à son génie ? Tout ce que j’affirme, c’est qu’Homère n’est pas seulement le plus grand des poètes ; il en est aussi le plus philosophe. Un pays qui produit si tôt de tels chefs-d’œuvre est fait pour créer plus tard toutes les merveilles de la science et de l’histoire.

Après Homère, je cite Callinus d’Éphèse, contemporain de l’invasion des Cimmériens, qu’il a chantée, et martial comme Tyrtée ; Alcman de Sardes, digne d’instruire et de charmer l’austère Lacédémone de Lycurgue ; Archiloque de Paros ; Alcée de Lesbos, à la lyre d’or, selon Horace ; Sapho de Mytilène ou d’Érèse, qu’on ne peut guère plus louer qu’Homère[1] ; Mimnerme de Smyrne, chantre des victoires de l’Ionie sur les Lydiens ; Phocylide de

  1. Voir l’admirable ouvrage de M. Villemain sur le Génie de Pindare, pages 101 et suivantes ; voir aussi l'Histoire de la littérature grecque par Ottfried Müller, traduction Hillebrand, Tome I, pages 218 et suivantes.