Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

eux-mêmes en relèvent comme les autres, bien que leurs aptitudes soient absolument distinctes, toutes puissantes en fait de religion, infécondes pour presque tout le reste. Mais dans cette vaste et belle famille, qui a comme le monopole de la véritable intelligence, c’est la Grèce, qui, tout compris, occupe encore le premier rang ; lorsque jadis elle dédaignait le monde entier sous le nom de Barbares, son orgueil n’était pas aussi mal inspiré qu’on pouvait le croire ; quoiqu’il eût mieux valu être plus modeste, les Hellènes, guidés par un sûr instinct, ne se trompaient pas trop ; et aujourd’hui que nous pouvons prononcer impartialement, c’est toujours à eux que nous décernons la palme. L’avenir, quel qu’il puisse être, aura bien de la peine à la leur ravir ; pour ma part, je ne balance pas à la leur assurer, sans nier la grandeur, et, même à quelques égards, la supériorité de leurs rivaux. Mais qui peut-on mettre au-dessus des Hellènes, quand ils se présentent à nous avec la poésie, les lettres et les arts, avec les sciences, la philosophie et l’histoire ?

Enfin, j’ai essayé de marquer, dans ce berceau de la philosophie naissante, la place de l’école d’Élée, et le mérite spécial de Xénophane et de Mélissus, entre Thalès et Pythagore.

Il faut bien le répéter : tout cela, même à l’intervalle de vingt-cinq ou trente siècles, c’est notre