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pas sur cette route ardue, où tant d’autres que lui ont échoué. A l’entendre, Dieu, qui ne ressemble à aucun autre être, est du moins semblable à soi ; il est pareil dans toutes ses parties, et tout entier dans chacune d’elles. Ceci peut être encore admis ; mais Xénophane, retombant dans des métaphores qui ne valent pas mieux que l’anthropomorphisme critiqué, par lui si justement, compare Dieu à une sphère. En conséquence, il déclare que Dieu ne peut être ni infini ni fini, qu’il ne peut avoir ni mouvement ni repos, pas plus qu’il n’a ni commencement, ni milieu, ni fin. D’ailleurs, Xénophane ne se fait pas illusion sur les difficultés insondables de cette question, et dans de très beaux vers, que nous a conservés Sextus Empiricus, il s’écrie : « Il n’est pas de mortel qui ait pu voir clair dans ces profondeurs ; il n’y en aura pas qui puisse jamais savoir à fond ce que sont les Dieux et l’univers, dont j’essaie de parler. Si quelqu’un, par hasard, rencontrait un jour la vérité complète, il ne saurait pas lui-même jusqu’à quel point il la possède ; et sur tout cela, il n’y a jamais eu que vraisemblance.  »

Parménide ne paraît pas être allé aussi loin que son maître sur ce grand sujet. Zénon, élève de Parménide et fondateur de la Dialectique, si l’on en croit Diogène de Laërte citant Aristote, en arriva bientôt à ce scepticisme que Gorgias devait porter à