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moins raisonnables sur le principe universel des choses, jamais d’études spéciales et positives sur les phénomènes naturels, tel est l’écueil et la grandeur du génie Indien. On ne trouve rien de plus dans les Védas, les Brahmanas, les Oupanishads, les épopées, les codes, et même dans les Darçanas philosophiques. Mais pour le génie Grec, il a évité cette fascination et ce péril. S’il s’est appliqué un instant à l’idée de l’unité, par bonheur il a su bientôt s’en détacher, pour considérer de plus près et avec plus de succès quelques-unes des portions principales de cette unité, qui n’est pas autre chose que le reflet de l’infini lui-même.

Cela est si vrai que, tout en cherchant à expliquer le monde, Thalès étudie le principe matériel dont il est formé. Quoique se trompant sur ce principe, qu’il voit dans l’eau, c’est cependant à l’observation de la nature qu’il s’adresse et qu’il demande le secret des choses. Il fait de la géométrie, et il suit curieusement le cours des astres, puisqu’il est peut-être en état de prédire une éclipse de soleil. Selon Aristote, dont le témoignage est décisif, Thalès admettait que l’univers était plein de Dieux, qui y entretenaient l’âme et le mouvement. Pythagore n’est pas moins fidèle à l’idée de l’ensemble, tout en le décomposant ; ses découvertes en mathématiques et en astronomie ne lui font pas perdre de vue un seul instant l’harmonieux