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réunit les qualités des deux autres. Elle possède à la fois l’intelligence et le courage. Elle sait en même temps garder son indépendance et former de très bons gouvernements, capable, si elle était réunie en un seul état, de conquérir l’univers[1]. »


Voilà ce qu’ont pensé trois hommes tels qu’Aristote, Platon et Hippocrate, sur le génie de la Grèce. Ils n’ont pas nié les influences extérieures, dont l’action est trop visible ; mais ils se sont surtout attachés aux causes morales. Ils ne se sont pas trompés.

Aujourd’hui même, quoique nous soyons plus éclairés par une plus longue expérience, que pourrions nous ajouter à des considérations si justes et prises en quelque sorte sur le fait ? Que la Grèce reste donc ce qu’elle a été, ensevelie dans sa gloire, mais immortelle autant que peuvent l’être les œuvres de l’homme, naissant à un certain jour, et destinées inévitablement à périr, toutes belles et toutes parfaites qu’elles sont.

Je voudrais terminer ici cette préface déjà trop longue ; mais elle ne serait pas complète, si je ne revenais aux deux traités qui en ont été l’occasion, et si je n’insistais sur la grande question à laquelle s’est principalement arrêtée l’école d’Élée, représentée

  1. Aristote, Politique, livre IV, ch,. 6, § 1, de ma traduction, page 217 de la 2e édition.