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de Rome, aïeule et rivale toujours vénérée d’Alexandrie.

Athènes et l’Ionie, ou d’un seul mot, la Grèce nous apparaît donc avec une supériorité prodigieuse sur tout ce qui n’est pas elle. Nous la plaçons à une distance incommensurable de tous les peuples qui l’entourent, qui la combattent, qui la déchirent, et qui mille fois plus nombreux qu’elle ne peuvent cependant la vaincre. En fait de poésie, d’art, de science, de philosophie, que pèsent auprès des Grecs, je ne dis pas des Scythes et toutes ces nations nomades du septentrion, mais les Perses, les Hindous, et même les Égyptiens ? Que serait l’antiquité sans les Hellènes ? Que n’est-elle pas grâce à eux ? Les historiens de l’humanité, Herder entr’autres, ont voulu découvrir les causes de cette prééminence extraordinaire dans des circonstances toutes matérielles, la configuration des lieux, le climat, les besoins du commerce, etc. Sans nier des influences de cet ordre, on peut trouver qu’elles n’expliquent pas suffisamment les choses, et qu’elles ne donnent pas le mot de ce problème délicat. Les côtes de l’Asie-Mineure, celles de la mer Égée, de l’Attique, du Péloponnèse, de la Grande-Grèce n’ont pas varié ; et néanmoins, où est l’esprit qui animait les Hellènes à ces fécondes époques ? Qu’est devenue l’âme de ces peuples au milieu d’une nature immuable, toujours aussi