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depuis vingt-cinq siècles, elle n’a cherché qu’à réaliser de plus en plus complètement la pensée qui l’animait à ses premiers pas. La sagesse de Pythagore est encore la nôtre, bien que les sciences aient fait de très grands progrès ; mais le philosophe n’est pas changé ; il sera toujours celui qui contemple et observe les choses, pour les comprendre et se comprendre lui-même. Voilà l’idée de la science et de la philosophie, dont je fais un honneur exclusif à la Grèce ; c’est de la Grèce que nous l’avons reçue, sans que personne avant elle y eût songé dans cet Orient, qu’elle croyait, et qu’on croit souvent encore, la source de toute lumière et de toute sagesse.

Cette idée, à qui la Grèce pouvait-elle alors l’emprunter ? A l’Égypte, à la Phénicie, à la Perse, à l’Inde ? Je ne vois pas d’autres peuples que ceux-là qui eussent à enseigner quelque chose aux Grecs ; et je dis que ceux-là, tout en leur apprenant beaucoup de choses, ne leur ont point enseigné la philosophie. Sans doute, plusieurs de nos philosophes, et Pythagore en particulier, ont fait de longs voyages dans ces contrées, et ils y sont allés pour s’instruire. Pythagore, Phénicien peut-être par sa famille, ainsi que Thalès, s’est rendu en Égypte, comme Hérodote un siècle plus tard ; il s’y est fait initier, dit-on, aux mystères, et on peut le croire