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promettre une durée que l’individu éphémère ne devait jamais avoir. Les papyrus nous parlent encore et parleront longtemps à nos neveux, tandis que Thamus s’est tu depuis quarante siècles. Qui saurait même ce qu’il a pensé, si quelque hiérogrammate, moins scrupuleux que lui, n’eût consigné ses paroles ironiques sur une de ces feuilles de papyrus tant dénigré par le trop sage Pharaon ?

Après avoir ainsi replacé nos philosophes dans la réalité des événements où leur vie s’est écoulée, studieuse ou guerrière, tranquille ou errante ; après avoir replacé les ouvrages qu’ils ont écrits dans les conditions matérielles où ils les ont composés, il me semble que je puis me demander avec plus de certitude, et avec plus de sécurité en quelque sorte, jusqu’où va l’originalité de cette philosophie. Née, à ce qu’il nous apparaît, dans l’Asie Mineure, vers le vile siècle avant l’ère chrétienne, en rapports très fréquents et très intimes avec tous les pays qui l’entourent, que leur doit-elle ? Leur a-t-elle emprunté quelque chose ? Ou bien en est-elle absolument indépendante ? N’a-t-elle rien puisé que dans ses propres inspirations ? Les doctrines de Thalès, de Pythagore, de Xénophane, sont-elles aussi spontanées, aussi originales que les poésies d’Homère, de Sapho, d’Archiloque ou d’Alcée ? En d’autres