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avec eux la mémoire de tout ce qu’ils contenaient. En dépit du Thamus de Platon et de Socrate, ces manuscrits devaient paraître fort utiles et fort précieux. C’est en effet ce qui arriva. Un des rois d’Égypte, Osymandias, passe pour être le premier, ou un des premiers, qui eut une bibliothèque. Le souvenir de ce fait si curieux nous a été transmis par Diodore de Sicile, qui, dans la 180e olympiade, visita l’Égypte, comme l’avait visitée Hérodote quatre cent cinquante ans auparavant, et qui vit de ses propres yeux presque tout ce dont il parle. Après avoir dit un mot des tombeaux des rois, qui avaient été au nombre de quarante-sept, selon les récits des prêtres, et qui étaient encore au nombre de dix-sept quand Diodore y descendit[1], il décrit tout au long le fameux monument d’Osymandias. Parmi les édifices qu’on attribuait à ce roi, se trouve la bibliothèque sacrée, sur le fronton de laquelle on lisait cette inscription fameuse : « Remède de l’âme. » Il ne ressort pas des paroles mêmes de Diodore que cette bibliothèque subsistât encore de son temps. Mais qu’elle ait existé, c’est ce qui ne fait guère de doute. Les prêtres Égyptiens avaient des livres de la plus haute antiquité,

  1. J’y suis descendu moi-même en 1855, lors de mon voyage en Égypte, et j’ai trouvé que l’admiration de Diodore était encore fort au-dessous de la réalité ; Lettres sur l’Égypte, Thèbes et Philae, pages 274 et suiv.