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1, CHAP. II. 17

quoique étant homme ; une chose possédée est un instrument qui sert à l’usage, et qui est séparé (1) [de celui à qui il appartient]. Mais y a-t-il, ou non, quelqu’un pour qui il soit juste et avantageux d’être dans l’esclavage, ou bien, toute servitude est-elle contre nature ? C’est ce qu’il faut à présent examiner.

8. Au reste, c’est une question facile à éclaircir par le raisonnement et à décider par les faits. Car, commander et obéir sont des choses non-seulement nécessaires, mais aussi fort utiles. Parmi les êtres créés, les uns, au moment où ils sont nés, sont destinés à obéir, et les autres à commander ; et il y a bien des espèces des uns et des autres. Mais l’autorité est d’autant plus avantageuse, que ceux qui y sont soumis sont plus parfaits. Celle qui régit l’homme, par exemple, l’est plus que celle qui règne sur l’animal ; car l’œuvre accompli par des créatures plus parfaites, a lui-même plus de perfection : or, partout où il y a commandement d’une part et obéissance de l’autre, il se fait quelque chose qui en est le résultat.

g. En effet, dans tout ce qui forme un système commun de parties, soit continues, soit séparées, se manifeste quelque subordination réciproque,

(1) L’auteur entend par instrument séparé de celui à qui il appartient, les outils, par exemple, dont se sert un ouvrier, comme la lime, le marteau, etc., par opposition aux membres ou aux organes du corps, comme la main, l’oeil, etc., qui sont inséparables de l’individu qui s’en sert.

Tome II 2