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attacher plus d’importance à l’économie civile ou sociale, qu’à celle qui a pour objet l’acquisition des richesses. L’esclave, la femme, l’enfant, sont-ils susceptibles de vertu ? Le sont-ils au même degré que l’homme fait et le citoyen d’un état libre ? Il paraît assez évident que les vertus morales doivent être le partage de tous ceux dont on vient de parler ; non pas sans doute de la même manière, mais seulement autant qu’il le faut pour que chacun d’eux remplisse sa destination. Voilà pourquoi celui qui commande doit posséder la vertu dans sa perfection.

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I. COMME il est facile de voir que toute cité est une sorte d’association, et que toute association ne se forme qu’en vue de quelque bien ou de quelque avantage (car c’est pour leur bien, ou pour ce qui leur semble tel, que les hommes font tout ce qu’ils font), il s’ensuit évidemment que toutes les associations se proposent quelque bien, et que c’est là surtout le but de celle qui est plus puissante que toutes les autres, puisqu’elle les comprend toutes ; or, c’est celle-là qu’on appelle cité (πόλις), et société politique ou civile.

2. Tous ceux donc qui croient que le gouvernement politique et royal, économique et despotique, est le même, n’ont pas raison[1] ; car ils s’imaginent que chacun de ces gouvernements ne diffère que dans le nombre plus ou moins grand des hommes qui y sont soumis, et non pas dans


  1. Allusion à l’opinion de Platon, exposée particulièrement dans le dialogue intitulé Politicus.