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LIMINAIRE. V

immédiats, en donnèrent aux divers peuples de l’Italie méridionale, ou de cette contrée de l’Italie qu’on appela la Grande-Grèce. Mais ces divers législateurs furent plutôt des hommes distingués par la générosité et la fermeté de leur caractère, par la connaissance qu’ils avaient de l’état des mœurs, des usages et des besoins des divers peuples à qui leurs lois étaient destinées, et des circonstances particulières où ils se trouvaient, que par la profondeur de leurs vues générales en politique. On peut dire de ces hommes si renommés qu’ils avaient perfectionné sensiblement l’art social, mais la science proprement dite n’existait pas encore.

Cependant il existait, de leur temps et bien avant eux, de vastes monarchies, des sociétés nombreuses d’hommes soumis à une forme déterminée d’administration, qui subsistait et se perpétuait, depuis des siècles, à travers les révolutions sanglantes et multipliées qui renversaient les unes sur les autres les dynasties des princes et les maisons régnantes. Mais l’histoire daigne à peine faire mention d’autre chose, à leur sujet, que du fracas de leur chute. Tout le reste de leur existence est comme enseveli dans un silence de mort et de servitude. C’est qu’en effet, il n’y eut chez ces nations aucune institution qui donnât aux individus, autres que les rois ou les princes, une valeur pro pre ; c’est que les hommes y vivaient dans un état vj