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société, ou, pour mieux dire, l’expression des lumières et de la raison publiques.

Dès-lors la question fondamentale sur le meilleur mode de gouvernement ou d’organisation possible, ainsi énoncée : Quels sont les moyens de contribuer au plus grand bonheur de ceux qui composent la société civile ? se trouva transformée pour eux en cette autre question, qui leur semblait être un acheminement à la solution qu’ils cherchaient : Quels sont les moyens de substituer, le plus possible, l’autorité ou le pouvoir de la loi, au pouvoir ou aux volontés arbitraires de l’homme ?

Ici se manifestent, eu effet, le point de départ et les directions opposées des deux limites intellectuelles vers lesquelles on peut supposer que tendent tous les gouvernements, bons et mauvais, et qu’il leur est impossible d’atteindre complètement. Car, sans doute, on ne pourra jamais établir un ordre de choses tel que la loi y règne exclusivement, et sans aucun mélange des volontés arbitraires des individus qui sont chargés de son exécution ; seulement, il est incontestablement vrai que toute société qui marche vers ce but, est dans une route de perfectionnement réel, et de prospérité toujours croissante. Mais, d’un autre côté, il n’est pas moins certain que plus les volontés arbitraires des dépositaires de la puissance sociale ont d’influence sur l’existence et sur les destinées d’un lx