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DISCOURS

fabuleuses de ces traditions fort antérieur à l’époque où des hommes remarquables par un rare assemblage de talents et de vertus, adoucirent leurs mœurs encore féroces, et donnèrent à ces peuplades sauvages et souvent errantes, des demeures fixes, des idées moins imparfaites que celles qu’elles avaient eues jusqu’alors sur la religion, sur la justice, et sur la nature même du lien social qui les unissait. En un mot, dans cet ordre de faits comme dans tous les autres, la nature elle-même commence et fait tout ; l’homme ne peut qu’en suivre les inspirations, et toute sa science se borne à constater les faits qui en naissent, et à tirer de leur enchaînement des inductions qui lui révèlent les conditions de son existence, et les lois auxquelles la nature veut qu’il demeure soumis, sous peine d’être d’autant plus malheureux qu’il les aura plus mal connues, ou moins observées.

Ainsi, il en a été de la science sociale comme de toutes les autres : l’art auquel elle sert de base, et dont elle démontre les principes les plus importants et les règles les plus générales, a été pratiqué long-temps avant que l’existence d’une telle science pût même être soupçonnée. Minos donna des lois aux habitants de la Crète ; Lycurgue, à l’imitation de ce premier législateur, en donna aux Lacédémoniens ; Solon, aux Athéniens ; Charondas, Zaleucus, Pythagore et plusieurs de ses disciples PRÉ