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par la loi sont réellement imputables, ou qui négligent de faire celles qu’elle prescrit. Que l’auteur d’un meurtre, d’un vol, ou de toute autre action injuste, soit riche ou pauvre, noble ou obscur, savant ou ignorant, brave ou lâche, l’action qu’il a commise ne saurait changer de nature par aucune de ces circonstances. Ainsi, sous ce rapport, la loi est la même pour tous les citoyens, et tous sont ou doivent être absolument égaux à ses

yeux.

Au contraire, quand il s’agit de salaires ou de récompenses à accorder à ceux qui rendent à la société des services plus ou moins importants ; d’emplois à confier à ceux qui sont plus ou moins capables de les exercer avec succès, c’est-à-dire, toujours de la manière la plus conforme à l’intérêt général, il semble juste d’avoir égard aux qualités individuelles de chaque citoyen appelé à de pareilles fonctions, et c’est alors que l’égalité devient relative, ou, comme s’exprime Aristote, proportionnelle.

D’un autre côté, ces philosophes avaient très bien vu que le fonds des richesses, des ressources de toute espèce, en un mot, que la force ou la puissance d’une société ne se compose que des sacrifices que tous les citoyens font à l’utilité publique, soit par des contributions pécuniaires, soit par des services directs et personnels ; et ils reconnurent lviij DISCOURS