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LIMINAIRE. iij

cédés purement rationnels, à ce qu’ils appellent l’origine ou la formation des langues, des sociétés, des idées, des sentiments, a été la source de beaucoup d’illusions et de faux raisonnements : l’esprit humain est tout-à-fait impuissant à résoudre de pareilles questions, et l’emploi régulier de ses facultés le laisse aussi incapable de comprendre l’origine des choses, quand sa raison le convainc qu’elles en ont une, que de concevoir comment elles pourraient n’en point avoir.

Sans doute il peut nous être très-utile d’observer dans l’histoire les premiers linéaments, s’il le faut ainsi dire, de l’art social, et les divers degrés de perfectionnement dont il est susceptible ; c’est même ce qui peut servir le plus au véritable progrès de la science politique ; mais on ne doit point suppléer au défaut des documents historiques, par des conjectures ou des hypothèses, et l’histoire ne nous montre partout et ne peut nous montrer que des sociétés déjà toutes formées.

Chez les Grecs, par exemple, qui nous ont transmis, au moins quant à l’histoire profane, les traditions les plus anciennes et les plus authentiques dont l’espèce humaine ait gardé le souvenir, nous voyons partout des peuplades, qui nécessairement étaient unies par un lien social fort antérieur à l’époque probable que l’on peut assigner aux plus

a. jv